Ce que l’on apprend en réalité virtuelle… on le garde dans la vraie vie !

Le concept de Virtual Reality Self-Modeling
En fait, ce que le "moi" apprend en réalité virtuelle, il le transfère bien souvent en réalité… réelle. C’est ce qu’on appelle dans la littérature scientifique le Virtual Reality Self-Modeling (VRSM).
Le principe ? Une personne s’observe en train d’adopter un comportement positif ou d’apprendre une compétence dans un univers virtuel. En répétant ces actions dans un environnement immersif et engageant, ce comportement devient progressivement plus familier, plus naturel. Et surtout : il déteint sur sa vie réelle.
« L’individu apprend un comportement ou une compétence en réalité virtuelle et, à force de se voir faire, il généralise ce comportement ou cette compétence dans la vie réelle. », explique notre psychologue, Stéphanie Delroisse.
Études scientifiques à l’appui (Fox & Bailenson)
L’un des travaux les plus connus sur le sujet est l’étude de Fox & Bailenson (2009). Ils ont montré que des participants qui observaient leur avatar en train de faire de l’exercice dans un environnement virtuel déclaraient ensuite faire davantage d’activité physique dans les 24 heures suivantes.
Autrement dit, le simple fait de voir son soi virtuel agir a eu un effet moteur sur les comportements réels. D’autres études sont allées encore plus loin : certaines ont démontré un impact durable sur la confiance en soi, la prise de parole en public, ou la gestion de situations anxiogènes.
Implications pour les troubles anxieux ou le retour au travail
Les applications concrètes sont nombreuses, notamment dans les domaines psychothérapeutiques et professionnels.
Dans le cadre de troubles anxieux, la VR permet par exemple de s'exposer progressivement à des situations qui génèrent du stress : une réunion, une présentation orale, une interaction sociale... Sans risque, sans jugement, et dans un cadre maîtrisé.
« Quand on voit son avatar réussir à surmonter une situation qui nous angoisse, notre cerveau commence à y croire aussi. On crée de la confiance. », précise notre psychologue.
Pour le retour au travail après un burn-out ou une longue absence, cela peut être un outil précieux. Le fait de se voir réussir à reprendre une activité, interagir avec des collègues ou gérer un emploi du temps permet de reconstruire les repères progressivement, à son rythme.
Comment structurer une expérience VR pour favoriser le transfert
Le transfert des apprentissages de la VR vers la réalité dépend de plusieurs éléments clés :
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L'identification à l’avatar : Plus l’avatar ressemble à la personne (physiquement ou dans ses comportements), plus le transfert sera efficace.
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La répétition : Comme dans tout apprentissage, l’effet est renforcé par la pratique régulière.
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Le feedback immédiat : Voir les conséquences de ses actions, même dans un monde virtuel, renforce la mémorisation.
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La cohérence émotionnelle : L’environnement doit provoquer des émotions similaires à celles que la personne vit dans la vraie vie.
Un outil pédagogique et thérapeutique
La VR n’est pas une baguette magique, mais elle devient un outil puissant et complémentaire aux méthodes traditionnelles : elle permet d’ancrer des apprentissages en les vivant plutôt qu’en les lisant ou en les imaginant. Et surtout, elle favorise une forme d’auto-efficacité : « Si je peux le faire dans la VR, alors peut-être que je peux le faire aussi dans la réalité. »
C’est une vraie révolution dans l’accompagnement des personnes, qu’elles soient en reconversion professionnelle, en quête de confiance, ou simplement curieuses de mieux se connaître.
Par exemple, une personne qui a été absente pour un burnout ou un cancer peut présenter des symptômes d’angoisse par rapport au retour au travail. La VR peut aider ces personnes à surmonter ces difficultés et à améliorer les chances d’une réintégration réussie.