Peur et évitement : le duo invisible qui freine la reprise du travail

Comprendre le mécanisme de la peur et de l’évitement
Le « cycle d’évitement inadapté » (Becker-Haimes et al., 2022) fonctionne de la manière suivante :
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Perception d’une menace : un stimulus négatif est évalué comme un danger potentiel.
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Réaction d’anxiété : l’amygdale s’active rapidement, en seulement 150 à 300 millisecondes, déclenchant la peur.
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Évitement : pour stopper ou prévenir l’anxiété, on évite la situation jugée menaçante.
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Renforcement de la menace : en évitant, on ne met pas à l’épreuve nos croyances sur cette menace, et elle continue de grandir dans notre esprit.
Comme le souligne notre psychologue :
« Prenons un exemple : imaginons que j’ai peur de parler en public car je crains le jugement d’autrui concernant mes compétences. Plus j’évite, moins j’aurai la possibilité de vérifier si l’auditoire me juge réellement si sévèrement. Au final, plus j’ai peur, plus j’évite… et plus je renforce ma peur. »
Le problème est que l’évitement, même s’il soulage temporairement, freine l’apprentissage que, peut-être, la situation n’est pas aussi menaçante qu’on le croyait. Sans confrontation, pas de remise en question des croyances anxieuses, et la peur devient persistante.
Impact sur le retour au travail
Lorsque ce mécanisme de peur s’applique à la reprise du travail après un burnout par exemple, il peut provoquer un blocage important. Le raisonnement suit la même logique que pour les autres phobies ou troubles d’anxiété :
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J’ai peur de reprendre le travail → J’évite → Je continue à percevoir ce retour comme une menace.
Conséquence : plus l’évitement se prolonge, plus la peur de retourner travailler se renforce, laissant place à des sentiments de doute, de culpabilité et un faible sentiment d’auto-efficacité.
Dans sa pratique, notre psychologue témoigne :
« J’ai rencontré bon nombre de patients qui, pourtant “guéris” de leur maladie mentale, ressentaient une peur bleue de reprendre le travail. Les symptômes n’étaient plus vraiment présents, mais l’anticipation d’un éventuel échec ou jugement était si forte qu’ils préféraient éviter le retour. »
Exemples de menaces perçues par les patients
Plusieurs types de menaces peuvent être ressenties lors de la reprise du travail :
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La crainte de ne pas gérer ses symptômes résiduels ou les effets secondaires de traitements.
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La peur de ne pas être à la hauteur, de ne plus parvenir à délivrer un travail de qualité.
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La crainte du jugement des autres : collègues, managers, clients/patients, proches, etc.
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La sensation de ne pas être compris ou entendu, le sentiment de ne pas être reconnu.
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La peur d’être stigmatisé ou discriminé, voire maltraité ou mis sur la touche.
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La crainte de replonger dans un environnement stressant ou hostile.
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La peur de faire une rechute et de retomber malade.
Ces menaces, perçues ou réelles, alimentent la spirale de la peur et de l’évitement, où chaque nouvelle pensée anxieuse vient justifier le refus de se confronter au retour au travail.
Comment casser le cercle vicieux ?
Pour briser ce cycle, il est essentiel de comprendre qu’il est difficile, voire impossible, de se raisonner dans les premières millisecondes où l’amygdale déclenche la peur. Comme le souligne notre psychologue, la voie via le cortex (le raisonnement conscient) prend plus de temps à se mettre en route.
La première étape consiste donc à identifier clairement les pensées, les émotions et les sensations physiques liées à la peur. Ensuite, petit à petit, il s’agit de s’exposer à la situation redoutée. L’exposition est la clé pour permettre à notre cerveau d’intégrer de nouvelles informations rassurantes :
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Évaluer la réalité de la menace : suis-je vraiment aussi jugé(e) que je l’imagine ?
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Découvrir ses propres capacités : suis-je vraiment incapable de délivrer un travail correct après un arrêt prolongé ?
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Constater que la situation n’est pas aussi grave que ce que la peur nous laissait penser.
Intérêt de la thérapie par exposition
La thérapie par exposition est un accompagnement psychologique où le patient affronte progressivement ses craintes dans un cadre sécurisé. L’idée est de diminuer les comportements d’évitement, pour reprogrammer le cerveau à percevoir la situation autrement.
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Gradualité : on commence par des expositions plus faciles, puis on augmente progressivement la difficulté.
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Accompagnement et soutien : un professionnel (psychologue, thérapeute) guide la personne pas à pas et l’aide à analyser ses réactions.
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Restructuration cognitive : au fil des séances, la perception de la menace s’affaiblit, car l’expérience concrète ne valide pas les pires scénarios anticipés.
Appliquée à la réintégration au travail, la thérapie par exposition peut inclure des mises en situation réelles ou simulées, des exercices de visualisation et, surtout, un accompagnement pour lever les croyances limitantes, dépasser la peur et retrouver confiance en ses compétences.
En conclusion
Peur et évitement forment un duo redoutable quand il s’agit de reprendre le travail après une longue période d’arrêt. Le comportement d’évitement semble légitime à première vue (qui ne cherche pas à fuir une situation qu’il perçoit comme menaçante ?), mais il renforce ce sentiment de danger et le rend plus persistant.`
Grâce à l'approche Melimpus basée sur la thérapie comportementale et cognitive, il est possible de casser le cercle vicieux. L’exposition progressive en réalité virtuelle accompagnée par un professionnel, permet de reprogrammer la réponse de peur et de prendre conscience que, souvent, les menaces perçues sont bien plus impressionnantes qu’elles ne le sont en réalité.
L’avantage de la solution Melimpus et de la réalité virtuelle réside dans le fait que l’exposition se fait dans un endroit sécurisé et contrôlé : chez votre coach ou thérapeute. Cette démarche rend la reprise du travail non seulement envisageable, mais la transforme en une opportunité de reprendre confiance en soi et en ses capacités.